Gloria Blizzard
5 min readFeb 13, 2021

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Sharron McLeod et les griots

photo — Barb Greczny

Parler avec Sharron McLeod c’est comme communier avec une archive musicale. Nous nous sommes connues sur la scène musicale de Toronto, Canada, au début des années quatre-vingt. Elle est a present instalée à Nice, en France. Ses réferences musicales s’etend de Sun Ra, Butch Morris, Cecil Tayler et Joni Mitchell à la musique d‘opera, et les Suites pour ensemble militaire de Gustav Holst. Nous discutons ses influences musicales et ses choix de répertoire en tant que chanteuse de jazz.

“J’ai besoin d’avoir une rélation émotionnelle avec la musique que j’interprete. My Funny Valentine n’a plus aucun intérêt pour moi. En tant que femme noire, comme mère, la mère d’un homme noir, je me sens beaucoup plus interpellée par à peu près n’importe quelle chanson de Gil Scott-Heron. Par exemple, sa chanson Must Be Something, est très simple, mais aussi très directe. Je chante Black Mountain Blues. Les paroles de Bessie Smith parle des réalités sociales des Noirs. Ce n’est peut-être pas un message politique mais je juste voudrais transmettre des emotions que reflèt la réalité sociale des noires.”

La chanteuse à une préférence pour les artistes dont le répertoire et le style incarne l’histoire et l’héritage de l’art du jazz. “J’aime utiliser le terme ‘griot’, dit-elle. Parmi ses griots de la musique américaine figurent Abbey Lincoln, Billie Holiday et Dinah Washington. Elles ont toutes cette profondeur. Pendant qu’Abbey n`utilise pas la virtuosité comme Sarah Vaughan, émotionnellement, je dirais qu’elle atteint une profondeur synonyme à celle de Coltrane.’’

McLeod a écrit The Griot’s Lament, comme suite naturelle de son mentorat à New-York avec Abbey Lincoln. Cette chanson et The Ballad of the Six Parables ont été enregistrées à Toronto, avec George Koller à la basse, Mark Hundevad à la batterie et Kevin Barrett à la guitare. Le quartet projete une sensation de respet mutuel et profondes affinités musicales.

Les musiciens

Kevin Barrett se souviennent de la première fois qu’il a entendu sa voix grave et riche de alto, à Fat Albert’s Coffee House, la plus veille scène ouverte de Toronto.

“Ce devais être en fin des années quatre-vingt. Elle est montée sur scène à Fat Albert et a chanté la chanson de Duke Ellington, Prelude to a Kiss, a capella, a couper le soufle ! À la fin, je lui couru après et déclarer que je voulais jouer avec elle! Elle aurait du penser que je n’étais qu’un gamin bizarre avec une guitare.” Depuis, ils ont joué ensemble maintes fois et ils ont développés de profondes affinités qui s’étend au dela de la musique, dans le domaine des questions sociales. Récemment, ils ont eu une joyeuse réunion musicale en Europe.

‘“Nous avons donné un concert en duo dans ce tout petit bar au centre-ville de Nice. Tout le monde fumait des cigarettes roulées. Il y avaient de toutes petites tasses à café. Les murs étaitent couverts des étagères remplies de livres, surement là depuis les années trente, c’était extrêmement chaud, je n’ai jamais eu aussi chaud pendant un concert. À l’entracte tout le monde s’est rué dehors avec leurs bières pour prendre un peu d’air avant de rentrer.

Mark Hundevad est un autre collaborateur de longue date qui connaissait Sharron alors qu’elle était flûtiste, “Je jouais avec le groupe de Wayne Cas au Clinton’s Tavern et il l’a invité à jouer avec nous. Je ne savais pas qu’elle était chanteuse.’’ Par la suite Sharron lui a demandé de se joindre à elle pour plusieurs concerts. “Sa palette musicale est incroyables,” dit-elle. “C’est un batteur qui peut répondre à tous mes intérêts musicaux, de Joni Mitchell à Curtis Mayfield, sans aucune attitude. Il a une mémoire presque photographique. Max Roach de1960, Elvin Jones de 1963 ,il peut tout jouer sans difficulté. Il a étudié Cecil Taylor en profondeur, il peut jouer du blues, du jazz traditionnel, reggae, tout ce que vous voulez….”

George Koller, qui est aussi le producteur des enregistrements, révèle un autre aspect de la carrière musicale de Sharron. “J’ ai connu Sharron comme animatrice de la radio universitaire. Elle avait une vaste connaissance des d’artistes dont je n’avais jamais entendu.”

Sur les ondes

“J’avais cette double vie musicale au licée, j’écoutais Elton John et de la musique pop et à la fin de la semaine je sortait avec mes amis à St. Jamestown et j’écoutais Stevie Wonder, Parliament, Funkadelic et les Ohio Players. J’ai introduit cette musique à l`école. Ça a supris tout le monde. J’ai toujours eu une âme de DJ,” dit McLeod.

Sa première émission de radio fut Face the Music à CKLN. “En 1990 j’ai succédé à Richard Underhill comme animatrice. J’ai aussi fait une émission avec Chloe Onari, appelée Dat Dere, apres la chanson de Bobby Timmons. C’était une émission en format ouvert, basé sur la musique de la diaspora africaine. C’était vers la fin de CKLN que Chloe et moi, nous avons été mises à la porte. Il y a toute une histoire a raconter, mais pas pour aujourd’hui,” s’amuse t’elle, en changeant de sujet. Avec sa connaissance approfondie du jazz, elle a animé des émissions à CBC et FLOW FM. “J’ai trouvé le groove à FLOW. J’ai été chanceuse d’avoir l’occasion de passer du jazz dont personne n’avait vraiment entendu.” Elle a la capacité de trouver la musique mois connu grace à sa vaste connaissance musicale. En plus des études de trombone, d’euphonium, de flûte, et de piano, elle a grandi dans une maison remplie d’albums de musique d’opéra, la passion de sa mère Madge Barbara McLeod. Le solfège, qu’elle a étudié avec Art Levine, et le travail ultérieur avec Abbey Lincoln a aidé à cristalliser son approche et sa vision. Kevin Barrett remarque “Je percoit clairement l’influence d’Abbey Lincoln sur elle. Le passage par Nina Simone, à travers Abbey, vers Sharron, je sent tout ça dans sa musique.”

La flamme du jazz

Construire un répertoire est une question de choix, de vision et quelques fois d’opportunité.

“Je réalise que j’ai eu de la chance parce que Frank Francis m’a donné beaucoup de liberté au Trane Studio. J’ai fait du Leonard Cohen, John Lennon, Joni Mitchell, Gil Scott-Heron et Nina Simone. Ces chansons font toujours parties de mon répertoire.”

En constante évolution, McLeod continue toujours ses explorations musicales, comme la conduction, une pratique d’improvisation en group, peut-être elle retournera à la radio dans le futur. George Koller remarque, “Je pense que Sharron est une gardienne de la flamme, qu’elle soit animatrice de radio ou chanteuse.

Dans ses deux extraordinaires nouveaux standards, la grave voix alto de McLeod est enveloppée dans la chaleur et la cohésion musicale de ce talentueux quartet. Ces compositions apportent de l’émotion et du gravitas à la géneologie de l’univers sonor des griots du jazz.

Veuillez ecouter ici.

traduction de l’anglais par Jocelyne St-Onge avec Cristian Simionescu

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Gloria Blizzard

writes on music, dance, film, culture and other matters of spirit.